Dean Martin2023-04-28T17:23:34+02:00
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Dean Martin

Dean Martin, acteur, chanteur, crooner, de son vrai nom Dino Paul Crocetti, est né le 7 juin 1917 à Steubenville.

« Hollywood, on en fait vite le tour : aucune ressource intellectuelle, ce qui est très agréable ! Au moins on n’est pas obligé d’aller au théâtre ou au concert ! » (Romain GARY – 1956)

Cette réflexion spontanée de l’auteur Français Romain Gary définit assez bien, en fait, la philosophie de vie du véritable Crooner généré par les flux migratoires Italiens en Amérique : Dean Martin.

L’arrivisme politique, les facéties du show business, la culture, Dean Martin s’en fichait.

Ses amis de boisson du « Ciro’s club », souvent des anonymes,  affirmaient volontiers : « Si Dean n’avait pas chanté il aurait été directeur de casino ou quelque chose comme ça… »

Il était une fois….dans un modeste quartier de STEUBENVILLE dans l’Ohio…

Gaétano et Angella Crocetti, enfants d’immigrés Italiens, venus des Abruzzes, vivent là, protégés par la « communauté ritale ». Les talents de coiffeur de Gaétano lui permettent d’ouvrir un petit salon avec sa femme Angella au 319 south sixth street. C’est dans cette petite maison que naîtra, le 7 juin 1917, le petit Dino Crocetti. A cette époque, sur les radios on entend Caruso chanter « O sole mio » et trois ans plus tard, c’est la prohibition : pour contrer l’interdiction de l’alcool, la mafia de Steubenville commercialise auprès des coiffeurs, comme dans « Lucky luke », une lotion miracle pour les cheveux, qui est en fait de l’alcool dissimulé dans des flacons de beauté ! C’est dans ce contexte de « bootleggers » que va s’épanouir le plus authentique des Crooners américains ! Très vite le jeune Dino va affirmer un goût certain pour le foot, l’élégance, le jeu et la bagarre…au début des années 30 il flirtera avec la contrebande, les salles de billard et les tripots qui les entourent. Une autre spécialité de Steubenville sera d’y recruter des « croupiers » pour les casinos de toute l’Amérique. Très vite le beau Dino, entrera en contact avec les mafieux du milieu du jeu. Ce grand garçon nonchalant n’était pas fait pour travailler à la mine pour quelques dollars par mois : trop salissant !

Comme lui disaient ses copains croupiers : « Apprends  à voler, apprends à être croupier, ou bien va bosser ! »

Sportif de gabarit et d’ambition, Dino sera également boxeur sous le pseudo de « Kid crochet »: les cicatrices lui déplurent assez rapidement

Comme Sinatra, Dino poussera la « canzonetta » en famille pour, admirer, lui aussi,  le père des Crooners : Bing Crosby.

Ses débuts de chanteur se firent dans le milieu des années 30 dans une sorte de bar-restaurant champêtre ou les jeunes de Steubenville avaient leurs habitudes, puis s’enchaînèrent rapidement tous les clubs des alentours : à cette époque Dean avait encore son « gros nez de boxeur » et son répertoire oscillait entre vieux standards, ritournelles Italiennes et les chansons de Bing Crosby popularisées dans ses films que Dino allait voir plusieurs fois pour copier le « phrasé »de son maître…

« Dean MARTIN » pour ne plus faire immigré Italien !

En attendant d’avoir les moyens d’une opération du nez, Dino va faire celle de son nom : en lieu et place de « Crocetti », il va prendre pour pseudonyme le nom d’un chanteur romantique Italien (Nino Martini) et y adjoindre son prénom : « Dino Martini » !

Les choses prendront une tournure des plus sérieuses, au début des années 40,  quand Dino chantera avec l’orchestre de Sammy Watkins au « Vogue Room » un endroit « chic » de Cleveland sous le nom, plus accrocheur de « DEAN MARTIN ». Une fois de plus, c’est grâce à une femme, celle du chef d’Orchestre, que Dino fera l’affaire : cette dernière l’avait entendu chanter dans un petit restaurant !

Une aubaine pour un chanteur « Cool »

L’arrivée en force du jazz « middle-swing » au début des années 40 va profondément influencer les orchestres de danse : désormais si l’on est pas « cool jazz » on est « square » (ringard !). Dean n’a pas ce côté « précieux » des chanteurs des années 30 : il est « nature ». Sa décontraction va faire de lui un chanteur « cool ». Sa pudeur de rital viril fera également que, même si les femmes n’ont d’yeux que pour lui, il donne toujours l’impression de chanter pour les hommes !

A New-York comme Sinatra !

En 1943, une aubaine se présentera pour le jeune Crooner : On va l’appeler de New-York pour lui demander de remplacer Frank Sinatra la nouvelle idole de l’amérique, dans un petit club de Manhattan le « Riobamba ».

Comme Franck, Dean aura alors le problème de se débarrasser du contrat qui le lie à son chef d’Orchestre (Sammy Watkins).

Contrairement à Franck, Dean ignorera contrats et comptes pour dépenser aussitôt en frivolités diverses (sexe, boissons, jeu, luxe..) l’intégralités des ses cachets…

De mauvaises affaires, un nez refait, une femme alcoolique….

L’arrivée d’un nouveau nez pour Dean ne lui servira pas beaucoup pour inaugurer sa première émission de radio mais facilitera ses problèmes conjugaux : Betty, après 5 ans de mariage et une propension naissante pour l’alcool, sera déjà au bord de la rupture..

Jerry LEWIS le farfadet providentiel !

C’est en 1946, que Dean le « bellâtre » et Jerry « le pitre » se retrouvent, au hasard d’une programmation,  tous deux sur la scène du « havana Madrid », un club de Broadway. Très rapidement, même si leurs numéros sont séparés, ils prennent l’habitude d’improviser « quelques trucs ensemble » : c’est alors que le décalage entre le jeune « singe » à la voix aigue et le playboy à la voix basse fit sensation auprès du public…

Les folles soirées du « CLUB 500 »

C’est au « Club 500 », haut lieu de la pègre, tenu par le mafieux « Skinny d’Amato » que le Duo Dean Martin -Jerry Lewis pris tout son essor.

Jerry LEWIS, dont les mafieux disaient « quant il chante on a l’impression qu’il a les c…coincées dans sa braguette » savait très bien que la présence de Dino et son romantisme à l’Italienne était un « plus ». Alors il écrivit l’ossature d’un spectacle dans lequel Dean jouait son rôle de chanteur « cool », tandis que lui « jerry » tournait autour de lui dans divers rôles, tels que celui du serveur qui gâche le spectacle…

Au bout de la troisième représentation, plus une place n’était disponible.

Sexe, chansons et rigolade !

Avec le numéro du « singe et du playboy », Dean MARTIN, grâce à Jerry, a pu ainsi sortir de son carcan de « chanteur romantique » pour devenir une personnalité à plusieurs facettes : capable de jouer la comédie, chanter, amuser…

DEAN MARTIN et JERRY LEWIS : le grand duo des contraires !

En 1952, le duo est au bord de la rupture : Dean Martin ne supporte plus l’égocentrisme et la « grosse tête » de Jerry LEWIS :

« Un type approchant la trentaine, continuant à jouer les singes hystériques de treize ans, tout en criant au génie ! »

Ce n’était pas vraiment le genre de Dino….

La rupture s’effectuera en 1955 , royalement marquée par un « abandon » , du jour au lendemain du flegmatique Dean Martin  qui brillera par son absence à un gala de charité !Ils firent cependant, ultérieurement,  quelques collaborations « forcées » telles qu’une dizaine de shows au fameux club d’Atlantic City qui avait marqué leurs débuts : le fameux « CLUB 500 », propriété du mafieux « Skinny d’Amato » !

Comme tous les couples célèbres de Cinéma, le duo Martin-Lewis, comme le duo Fred Astaire – Ginger Rogers, se consumera jusqu’à l’écœurement, pour finalement arriver à la rupture, en passant par de médiatiques « retrouvailles ». Celles de Dean et Jerry eurent lieu en 1976 à Las Vegas, mais se sera sans compter sur le caractère imprévisible de Dino : dès la fin de la soirée, le rideau s’est à nouveau refermé !

Et Dean Martin chantait…  « Volare »

En janvier 1958, un jeune italien des « Pouilles » dépose à Milan une chanson fox moderato, intitulée « Nel blu dipinto di blu » et l’enregistre. La firme Decca va importer la chanson en Amérique en août 1958. Immédiatement, Dean Martin, reprend la chanson sous le titre « Volare », résultat : les deux chansons vont entrer de manière concomitante dans les hits parades, à une différence près : celle de Dino sera à la quinzième place et celle de Domenico à la première ! Même si les débuts de Dean Martin ont été marqués par la ritournelle italienne, de « Arrivederci Roma » à « Non dimanticar », c’est « Volare » qui deviendra son hymne national !

DEAN MARTIN et les femmes

Ses amis s’accordaient à le dire : ce n’est pas Dean Martin qui courrait après les femmes, c’était l’inverse. Quand il se produisait au Ciro’s, l’un de ses clubs préférés, on dit que Lana Turner venait quasiment tous les soirs pour tenter de l’entraîner chez elle après la représentation…

En fait la véritable « maîtresse » de Dean Martin, comme pour Bing Crosby, c’était le golf !

Comme Sinatra le fit jadis dans le New Jersey, Dean Martin se mariera à l’aube de son succès avec « une jeune femme comme il faut » : Betty Ann Mc Donald, une irlandaise rencontrée à Cleveland : comme pour Sinatra ils eurent, au début, l’illusion de fonder un foyer (avec trois enfants : Gail, Craig et Claudia). Très vite, le rythme trépidant de leurs activités eut raison de cet utopique projet ! (Maîtresses, absence quasi-permanente, rencontre d’une femme à la personnalité plus aboutie…)

Il rencontrera sa deuxième femme  en décembre 1948, en pleine ascension :

Jeannie Biegger, sorte de Miss Miami, devait à ce moment transmettre sa couronne de reine de l’Orange Bowl au Beachcomber club de Miami où Dean Martin se produisait….le coup de foudre eut lieu pendant la représentation quand les yeux du crooner se posèrent sur la « Miss » : jolie blonde aux yeux bleus, elle était le « cliché » de la parfaite belle jeune américaine ! Ils se marièrent en 1949.

Même sa deuxième épouse Jeannie ne comprenait pas le personnage ! A la question traditionnelle « Dean, qu’as-tu fait de beau aujourd’hui ?’, le taciturne pouvait simplement répondre « rien ! », alors que le journal télévisé apprenait, une heure plus tard, au pays tout entier que Dean Martin avait rencontré la Reine d’Angleterre, venue visiter les studios à Hollywood.

En 1969, Dean Martin, comme Sinatra avec Mia Farrow, aura son aventure « Démons de midi » : en la personne de Gail Renshaw, blonde aux yeux bleus de 22 ans « Miss USA 1969 ». Comme bien souvent la rencontre se fit dans la loge de Dean à Las Vegas pour une séance de photo qui se soldera par un dîner en tête à tête…quelques mois plus tard, il enchaînera avec une hôtesse d’accueil du même âge : Kathy Hawn qu’il épousera en 1973 : le mariage, s’élevant à plusieurs centaines de milliers de dollars, sera « kitch et somptueux » comme cette idylle rose bonbon !

Dean Martin aura, en tout,  7 enfants : Craig, Dina, Dino Jr, Claudia, Barbara Gail, Gina, Ricci.

Quand Dean Martin chante Noël … Let It Snow! Let It Snow! Let It Snow!

Et Dean Martin chantait …..en duo avec Line Renaud «Relax-ay-vous »

« C’était à Las Vegas en 1955, c’était la première fois que j’allais en Amérique et je chantais au « Coconut Groove », c’était l’endroit où il fallait être ! On m’a fait passer dans une émission de télévision avec Bob HOPE et j’ai enregistré un duo avec Dean MARTIN. Il était terriblement décontracté, quant il est entré dans le grand Studio CAPITOL, ou nous avions rendez-vous, il ma dit « Hi Honey » et nous avons fait un essai avec son pianiste : la voix de Dean était un véritable instrument, il voulait vérifier si j’étais en rythme. A la fin de séance, toujours souriant, il m’a dit « Honey, I love your voice ! » et c’est ainsi qu’est née une longue amitié. Tous les matins, il passait 4h au golf et l’après midi, il était au hammam. Il ne buvait pas entre les repas, et avant d’entrer en scène il se passait la main dans les cheveux pour avoir l’air hirsute ! »

Dean MARTIN et SINATRA : quand « Franky » remplace Jerry ! »

« Le rital est nul, mais le petit juif est génial » (F. Sinatra en 1948, à propos du duo Dean Martin/Jerry Lewis)

C’est vers 1953 que l’amitié entre Sinatra et Dean Martin sera effective : tous deux enregistrent alors pour la prestigieuse compagnie de disques CAPITOL, en sa célèbre « Capitol Tower »et ce, en dépit de l’arrivée d’une star montante qui va révolutionner l’Amérique : Elvis Presley !

Dino, le type tranquille, va petit à petit, au début des années 50, remplacer sa dualité avec Jerry Lewis par celle de Sinatra. Comme Jerry, Frank est un « excité » capable d’être « soupe au lait » ou de se morfondre pour une amourette ! En fait, Sinatra va remplacer Jerry dans la vie de Dean Martin avec, à quelque chose près, les même défauts ! La grande histoire d’amour entre Sinatra et Dean Martin débutera dans la fin des années 50 avec le fabuleuse aventure du « Rat Pack » de Las Vegas, au rythme que l’on sait : tournages et enregistrements l’après midi, concerts en soirée, nouba pendant la nuit !

Et Dean Martin chantait … « Just in time»

Contrairement à Sinatra, Dean MARTIN n’a jamais travaillé le chant des nuits entières ou encore parcouru des dizaines de longueurs sous l’eau ! Sa tessiture étant réduite il tenait son rôle de chanteur nonchalant, enregistrant souvent les chansons en une seule prise, avec tout l’orchestre présent dans le studio ! Dans la fin des années quarante, alors qu’il est encore avec Jerry, Dean Martin aura l’intelligence se s’approprier les talents d’un bon et fidèle chef d’orchestres : Dick Stabile.Comme pour tout, Dean Martin ne prenait pas la musique au sérieux. On dit même, qu’il n’écoutait pas ses disques. A une époque, on dit encore qu’il n’assistait plus aux séances d’enregistrement, préférant apposer, de manière solitaire, sa voix sur une bande enregistrée. Ce n’était pas encore le cas dans ce disque magnifique « This Time I’m Swingin » enregistré avec le grand orchestre de Nelson Riddle en 1960. A écouter dans une Chevrolet qui consomme 30 litres aux centx.

Dean MARTIN et la mafia

« A l’image des pontes de la mafia en Amérique, Dean était « lontananza » : en toute circonstance, il conservait la distance et gardait en lui toute pensée ou tout sentiment trop profond, se camouflant derrière un air taciturne….d’où une permanente attitude de « menegreghista » : avoir toujours l’air de ne rien en avoir à foutre ! »

Nick Toches (journaliste et auteur d’une remarquable biographie de D. Martin)

Contrairement à Sinatra, Dean Martin n’était ni « capricieux », ni « soupe au lait ». Il était la véritable idole de la maffia : il avait le respect entier des grands pontes (de Carlo Gambino à Charlie Fishetti).

Contrairement à Sinatra qui prenait très au sérieux son rôle de star, Dino passera sa vie à minimiser le sien ! C’est ce qui plaisait à ces italo-américains, beaucoup plus proche de l’homme calme, viril, et discret. Les premiers rapports que Dino eut avec la mafia remontent à l’époque où il a été recruté comme « croupier » à Steubenville : une ville dominée par le jeu, la prostitution et la prohibition…

Le Club 500, qui marqua ses débuts avec Jerry Lewis était tenu par « Skinny d’Amato ».

A Chicago, lors d’un gala, il sauva de justesse la vie de Jerry qui était descendu dans la salle « charrier le public » sans savoir qu’il prenait pour « tête de turc » Charlie Fischetti, le cousin d’Al Capone ! Johnny Rosselli, autre mafieux, aimait à rester dans l’obscurité avec Dino pendant de longs moments, sans échanger un seul mot !

Bugsy Siegel, Frank Costello, Meyer Lansky : tous ces mafieux qui dominaient Las Vegas n’auront aucun problème avec Dean Martin. Son attitude « cool » envers tout un chacun fera qu’à aucun moment on n’associera le « Crooner rital » avec les mafieux (contrairement à Sinatra), alors qu’il les fréquentait au même titre !

Le mode de financement préféré des Crooners à Las Vegas était bien entendu « les dessous de table » : cet argent « non officiel » qu’ils percevaient en liquide !

Et Dean Martin Chantait … «Drink to me with only thine eyes»

Dans ses spectacles et dans les shows du « Rat Pack », Dean Martin en faisait beaucoup sur son image de chanteur entre deux verres. Dans le fameux show de la Villa Venice en 1962  (contenu dans l’album cd et DVD « live and swingin’  – The Ultimate Rat Pack Collection » Warner), Dean débute le show en tournant son art à la dérision, détournant les chansons à la gloire du « Gazolin » (expression du Rat Pack désignant l’alcool !).

Dans ses concerts avec le « Rat pack » à Las Vegas, l’un des gags préférés de Dean était également de détourner la célèbre chanson de Cole Porter « I LOVE PARIS » en « I LOVE VEGAS ». Au-delà du gag, il faut dire que Dean ne se sentait bien qu’à Las Vegas, devant une série T.V, ou sur un parcours de golf.

Quelques expressions favorites de DEAN MARTIN et du RAT PACK :

« Drink, smoke and schmuk » : boire, fûmer et b…..

« Ring-a-ding » : pour dire que c’est génial

« Broad » : une femme sexy

« Chick » : une jeune femme sexy

« Charlies » : pour désigner de jolis seins

«Mouse » : une jolie petite femme

« Gasser » : Un VIP

« Harve » : un type nul, ringard

« Booze, gazolin » : le whiskie, carburant des folles soirées !

DEANO LE TACITURNE

Peu communicatif, Dean Martin, contrairement à Sinatra, ne recherchait pas l’amitié : elle venait souvent à lui.

Voici le rital ! Y’en a pas deux comme lui ! , voici le rital, un sacré bandit. Voici le branleur, deux fois il est allé devant l’autel, avec son engin qu’il fait des étincelles !

(adaptation chantée par Sinatra d’un air de Cole Porter, en l’honneur de Dean Martin, dans un dîner réunissant le gratin du show biz, en 1956).

Jusqu’au bout il jouera le jeu de la dérision, tant sur le plan du travail que de l’amitié, et même dans les moments les plus solennels : à la conférence de presse du fameux « Ultimate event » qui réunissait, dans les années 80 le « Rat Pack » pour une tournée mondiale ultime, Sinatra s’adresse aux journalistes de la manière la plus attentionnée : « Mesdames et messieurs, nous vous remercions d’être présents aujourd’hui… »

C’est  alors, que derrière le rideau, on entend la voix de Dean Martin : « Il n’y a pas moyen d’annuler tout ça ?

Contrairement à Sammy Davis Junior et Frank Sinatra,  Dean Martin n’était pas fou de Paris et de l’Europe en général. Il y viendra au début des années 50 pour une tournée des bases militaires américaines, dans les années 60 et au Moulin Rouge et en 1984.

Dean Martin : la bête noire des ménagères de moins de 50 ans !

Les fameux « Dean Martin Shows », dans les années 60-70 brillaient par leur machisme, leur ivrognerie et leur esprit « No correct ». En dépit des attaques permanentes de la presse, le style Dean Martin perdurera car il dira « tout haut » ce qu’une partie de l’Amérique pense « Tout bas » : « Merde à tout ! »

En fait, Dean Martin, représentait le brave gars, le « red neck », pas très cultivé, brut de décoffrage, mis à part que Dean, avait les dents scintillantes, le trémolo dans la voix et le costume bien coupé ! La formule de ses shows, vieille comme le monde combinait des chansons à boire (avec un vrai « bar » sur le plateau)  et des filles dénudées !

Dans ses derniers « TV shows », des années 70, il continuera à présenter des « femmes-objets » sur ses plateaux, allant même jusqu’à faire écrire son texte de présentation sur le ventre de l’une d’elles ou encore, apparaissant avec une femme « tigrée » en laisse…

DEAN MARTIN et le cinéma

« On dit que c’est un boulot difficile que d’être acteur. Quelle connerie…du boulot, ça ? mon cul ! » Dean Martin (à propos du métier d’acteur)

« La méthode préférée de Monsieur Dean Martin, pour apprendre son texte, consiste à se faire donner la réplique  par son caddie sur un parcours de Golf »  (extrait article « Times »)

Cette déclaration spontanée, résume bien la philosophie de Dino comédien : humour et décontraction ! Dean Martin était un comédien précis et charmant sur les tournages. Comme Robert Mitchum, il ne se prenait pas au sérieux en affirmant que le cinéma n’était pas un métier (Mitchum parlait « d’une activité de gonzesse », lançant à la cantonade « qu’à la méthode de l’actor’s studio, il préférait la méthode Smirnoff ! ») et pourtant : l’un comme l’autre étaient extrêmement concentrés sur le plateau, connaissant leur texte à la lettre.

Les premiers films de Dean Martin, tournés avec son comparse Jerry Lewis, des comédies,  étaient d’une médiocrité scénaristique totalement commerciale : tandis que Dino séduisait les femmes et poussait la romance, Jerry s’agitait en faisant le pitre autour de lui. Cette période, plutôt affligeante, a donné une martingale de « joyeux navets » ayant pour titres « Un pitre au pensionnat », « Amour délices et golf », « Irma à Hollywood »…

Dans « Comme un torrent » (1951 – Vincente Minnelli) Dean incarne, comme souvent, un ivrogne, désespéré, joueur professionnel sur le point de mourir.Dans le célèbre « Rio Bravo » (1958 – Howard Hawks), il fait une performance en alcoolique en plein crise de delirium, réalisant une véritable performance en pleurant, ce qui était pour lui contre nature !

« L’inconnu de Las Vegas » (1956 –  Lewis Milestone) fût le film « officiel » du Rat Pack

Franck Sinatra et Peter Lawford sont les instigateurs de ce film destiné à permettre à la « bande » de se retrouver dans un film à la mesure de leur univers favori : Las Vegas. L’histoire d’une bande d’anciens combattants qui braquent des casinos, sous la houlette de leur chef « Dany Ocean » (incarné, bien sûr, par Sinatra et plus récemment par Georges Clooney dans le remake du même nom)

Un film « culte » : « Embrasse-moi idiot » avec Kim Novak

(« Kiss me Stupid », Billy Wilder  1964) : le film où Dean interprète son rôle de Crooner-golfeur, échoué par hasard dans une station service du Nevada profond, séduisant la femme du pompiste !

Pour les inconditionnels de Dino : « Matt Helm, agent très spécial » : une série de films dans lesquels Dean Martin est une sorte de James Bond à l’américaine !

Parmi les nombreux « navets » :  « Bague au doigt, corde au cou » : le scénario est contenu dans le titre ! Mais aussi « Canonball run 2 » : L’ultime « navet » réunissant le Rat Pack : à la demande de Sinatra, le film fut « monté » pour réunir la bande ! (Frank, Dean, Sammy et même Shirley Mc Laine !)

Et Dean Martin chantait…. « Cha cha cha d’amor »

Dans la fin des années 50, l’Amérique n’échappe pas à la mode exotique du mambo, du chachacha et du boléro. Dean Martin, comme beaucoup, joue de son côté latino dans ce disque à la fois prestigieux (C’est le grand orchestre de Nelson Riddle qui l’accompagne, l’enregistrement est stéréo) et kitsch également (à signaler une reprise latino de la chanson de Charles Trénet « Que reste-t-il de nos amours »). L’ensemble étant, bien sûr, chanté en anglais !

Dean MARTIN : « faux fainéant » ou « faux alcoolique »?

« Give me a bottle and a glass and I’ll get America off its ass” (slogan du rat pack dans les années 60)

En 1966, Dean Martin fut reconnu comme le chanteur qui vendait le plus de disques en Amérique. Ses revenus s’élèveront à plus de 14 millions de dollars annuels.  Comme Sinatra il cumulera propriétés, actions, entreprises et ce, malgré une déplorable stratégie financière qui lui fera perdre une montagne de dollars…le laxisme de Dino ne sera pas toujours payant , mais jusqu’à dire qu’il était fainéant…

Côté alcool, la « réputation » était certes justifiée mais professionnellement « très étudiée » :

Le rôle de Dean, dans la bande du « Rat Pack » était celui du chanteur toujours entre deux alcools, d’où la célèbre introduction :

« Et maintenant, directement depuis le bar, voici Dean Martin… »

Même s’il est vrai que Dean avait son « bar personnel » dans les casinos où il se produisait, son alcoolisme ne prenait ses fonctions qu’après le spectacle, vers 1 heure du matin, en compagnie de Sammy Davis Junior, Sinatra et les quelques mafieux de passage. Sur scène, l’affaire était « impeccablement réglée ». Idem pour les tournages : même si le comédien « naturel » était chargé, il n’était pas saoul !

Cela ne l’empêchera pas d’annoncer à la presse, dans les années 70, qu’il désirait prendre sa retraite pour « boire chaque jour jusqu’à sa mort ! » Cette déclaration deviendra effective après la tragique disparition de son fils Dean Junior dans un accident d’avion en 1987. Un an plus tard il impose sa loi à Las Vegas en imposant désormais, une première, de ne faire qu’un seul show par soir !

Sa plaque d’immatriculation, célèbre à Los Angeles, portait, certes,  la mention « DRUNKY »

« Drunky or not », Dean Martin reste à jamais le « Crooner authentique », la quintessence du flegme Italien sur fond de swing à l’américaine. Avec lui, rien n’est jamais grave : être une star de la chanson, rencontrer la reine d’Angleterre, recevoir un mafiosi à sa table…

D’Elvis Presley à Sinatra, beaucoup ont adoré Dean Martin, alors que Dino, lui, « les aimait bien »…

Et Dean Martin chantait….  « Everybody loves somebody Sometimes »

« Everybody loves somebody sometimes », le grand tube de Dean Martin était, en fait, une chanson que Frank Sinatra avait déjà enregistrée dans les années 40 : un vieil air composé par le pianiste de Dean Martin, nommé Ken Line. C’est alors qu’en 1964, agacé par l’arrivée tonitruante des Beatles en Amérique et surtout son fils Dino Junior qui passait son temps à les écouter, Dino déclare soudain :

« J’en ai marre d’entendre ces perruqués anglais hurler sous mont toit, si je m’y mets, fiston, tu vas voir, je les détrône des hits parades, ces petits merdeux ! »

C’est alors qu’il ressort cette vieille chanson pour l’enregistrer sur un arrangement très « ballade country sirupeuse ». Dean Martin détrônera effectivement les Beatles, en août 1964, chassant leur tube « Hard day’s night » de la première place pour le remplacer par « Everybody loves somebody sometimes » et en faire un succès mondial !

C’est pour redonner « un coup de fouet » à son ami Dino, que Frank Sinatra, juste après le décès de son fils, dans les années 80, lancera l’idée de la tournée mondiale « The ultimate event ».

Acceptant sans enthousiasme, Dean, pour la première à Oakland, devant 15 000 personnes, s’exclamera :

« Je veux rentrer à la maison ! »

ce qui déchaînera le stade, croyant entendre là une blague comme au bon vieux temps !

Quelques jours plus tard, prétextant une nouvelle visite au centre médical Cedars-Sinai, Dino abandonnera la tournée. En fait, il ne plaisantait pas !

Ce qui ne l’empêchera pas, quelques temps après, de se produire à nouveau à Las Vegas, dans des représentations proches du pathétique…

Pathétique comme les derniers jours de cet immense star du music hall qui désormais n’a qu’une seule sortie quotidienne : un restaurant Italien nommé « La famiglia » situé vers North Canon drive et un seul plaisir, durable : les westerns à la télé et puis surtout : le silence…

Dean Martin décèdera « riche » à 78 ans, le 25 décembre 1995.

Le cinéaste Martin Scorsese, grand admirateur de Dean MARTIN, a annoncé qu’il avait pour projet de réaliser un film sur le « RAT PACK » autour de la personnalité de Dean Martin (interprété par Tom Hanks), Jim Carey serait idéal en Jerry LEWIS et c’est Travolta qui aurait été choisi pour incarner SINATRA…

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Discographie

Les années Capitol

1953 : Dean Martin Sings
1955 : Swingin’ Down Yonder
1955 : Dean Martin
1957 : Pretty Baby
1959 : Sleep Warm
1959 : A Winter Romance
1960 : This Time I’m Swingin’!
1961 : Dean Martin
1962 : Dino! Italian Love Songs
1962 : Cha Cha de Amor
1964 : Hey, Brother, Pour the Wine

Les années Reprise

1962 : French Style
1963 : Dino Latino
1963 : Country Style
1963 : Dean Tex Martin Rides Again
1964 : Dream with Dean
1964 : Everybody Loves Somebody
1964 : The Door Is Still Open to My Heart
1965 : Holiday Cheer
1965 : (Remember Me) I’m the One Who Loves You
1965 : Dean Martin Hits Again
1965 : Houston
1966 : Somewhere There’s a Someone
1966 : The Hit Sound of Dean Martin
1966 : The Best of Dean Martin
1966 : Christmas Album
1966 : Songs From The Silencers
1966 : The Dean Martin TV Show
1967 : Happiness Is Dean Martin
1967 : Welcome to My World
1968 : Gentle on My Mind
1969 : I Take a Lot of Pride in What I Am
1970 : My Woman, My Woman, My Wife
1971 : For the Good Times
1972 : Dino
1973 : Sittin’ on Top of the World
1973 : You’re the Best Thing That Ever Happened to Me
1978 : Once in a While
1983 : Nashville sessions

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