Otis Redding2023-04-28T18:04:45+02:00
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Otis Redding est né le 9 septembre 1941 à Dawson en Géorgie. Il déménagera trois ans plus tard à Macon dans le même état.

Avec son succès, il deviendra par ailleurs Maire honoraire de cette cité. Pour l’heure, la famille s’installe dans un quartier à loyers modérés.

Son père souffrant de la tuberculose, Otis Redding doit quitter précocement le lycée Ballard-Hudson, et embrasser divers petits métiers comme pompiste et puisatier afin de ramener de l’argent à la maison.

Les premiers contacts du jeune garçon avec la musique sont parfaitement communs au vécu d’un jeune noir durant cette décennie : il pratique le gospel à l’église et devient même le batteur de divers ensembles se produisant dans les lieux de culte, ou durant des émissions sur WIBB, une radio locale. Il chante également dans un groupe amateur, se frottant pour l’occasion à la pratique de piano et guitare.

En 1958, Otis Redding part en tournée avec the Upsetters. En 1960 Otis s’installe quelques mois chez l’une de ses sœurs à Los Angeles. Il y est laveur de voiture le jour, chanteur la nuit et trouve l’opportunité d’enregistrer deux 45 tours. Le jeune homme de retour à Macon se marie avec Zelma et ils auront deux garçons. Otis Redding enregistrera un troisième disque toujours sous l’influence de Sam Cooke et rencontre le guitariste Johnny Jenkins.

Pour l’heure, Phil Walden patron du label Capricorn records, manager de Jenkins, aide le musicien à monter un nouveau groupe local, the Pinetoppers. Walden est un authentique fan de musique noir, ce qui n’est pas sans poser problème, dans la mesure où, application stricte des lois de ségrégation raciale oblige, il ne peut applaudir sur scène les artistes noirs qu’il manage. En tout état de cause, Otis Redding est intégré dans le groupe comme chauffeur, valet, puis chanteur principal, développant un style calqué en tout point sur celui de la star de la ville, Little Richard. Redding se fait par ailleurs une spécialité d’imiter à la demande tous les grands chanteurs noirs de l’époque. En 1962, Jenkins et le jeune vocaliste se rendent dans les studios Stax de Memphis pour y enregistrer pour le compte du distributeur Atlantic. Le projet de Walden permet un nouveau succès pour l’artiste Otis à se frotter à la réalité d’un studio et ce face au groupe d’accompagnateurs maison, le plus huppé du moment : Booker T & the MG’s.

Comme il reste un peu de temps en fin de séance, Redding en profite pour placer l’une de ses compositions « These Arms of Mine » composée deux années auparavant. Le trémolo dévastateur du chanteur fait merveille dans cette ballade, dont le but principal reste le rapprochement des points de vue et des couples de danseurs. Dans une étincelante intuition le chanteur décide de parler à la fin de sa chanson, lui offrant par là même une spécificité tout à fait originale. Jim Stewart, patron de Stax, en concevra une totale fixation sur les ballades interprétées par Otis, exigeant que tous les enregistrements de Redding en comprennent une proportion raisonnable. Walden quant à lui es subjugué et la carrière du jeune chanteur est lancée. Par soucis de réciprocité, ce dernier proposera à Jenkins d’intégré son groupe de tournée : le guitariste refusera… par peur de l’avion. Constatant que le disque ne se vend pas, Stewart concède ses droits au DJ d’une radio de Nashville : après plusieurs mois de matraquage, « These Arms of Mine » atteint la vingtième position des classements de vente rythme and blues.

Les tournées épiques se succèdent, Otis Redding doit toutefois attendre 1963 pour enregistrer un nouveau disque, où il déploie toute la technique acquise au contact du gospel.

Quelques mois plus tard « Pain In My Heart » démontre le chemin parcouru par le jeune artiste : la chanson, parfaite de romantisme, et de mise en scène, sera un succès signé Redding jusqu’à qu’Allen Toussaint producteur de la Nouvelle Orléans revendique la paternité d’une mélodie étrangement similaire, composée par la chanteuse Irma Thomas. Le contentieux se règlera au gré à gré par un partage des royalties. Les disques s’enchaînent qui permettent à Otis Redding de développer, outre une technique vocale parfaitement maîtrisée, un sens des arrangements tout à fait innovants : l’utilisation du piano, des cuivres, de l’orgue et d’une étonnante guitare reste tout à fait inédite pour l’époque. C’est en 1964 qu’est édité le premier album d’Otis Redding « Pain In My Heart ». Tout comme son successeur, « The Great Otis Redding Sings Soul Ballads » en mars 1965.

Ces diverses sessions ont au moins le mérite de générer la rencontre avec un autre grand nom de la musique noire américaine, en la personne d’Isaac Hayes. Ce dernier mettra ses divers talents au service du chanteur jusqu’à sa disparition.

Le disque suivant « Mr Pitiful » constitue une double innovation : il s’agit de la première chanson écrite en compagnie de Steve Cropper, et c’est le premier disque de Redding à se frayer un chemin dans les premières places des classements de ventes. La face B du 45 tours « That’s How Strong My Love Is » constitue une espèce de Sacré Graal de la ballade Soul, bénéficiant de la commercialisation quasi simultanée de trois versions, celle de Redding, celle du chanteur O.V Wright et des Rolling Stones.

En juin 1965 est édité ce qui reste comme le chef d’œuvre d’Otis Redding, l’album « Otis Redding Sings Soul ». Redding vend désormais près de 250 000 copies de ses enregistrements ce qui en fait à l’époque un poids lourd de la chanson. Celui qu’on surnomme désormais « Big O » traverse son existence de musicien comme une locomotive sans frein, et poursuit les enregistrements d’un concert « Otis Redding In Person At The Whisky A Gogo » en avril 1966 qui ne sera publié que de manière posthume.

En 1966, le chanteur enregistre deux nouveaux chefs d’œuvres : « The Soul Album » avec un hommage pour Sam Cooke avec « Chain Gang » et « Complete & Unbelievable : The Otis Redding Dictionnary Of Soul »  qui offre sans nul doute l’une des chansons les plus sophistiquées du maître.

« Tyr A Little Tenderness », composition anglo-américaine qui avait fait les beaux jours de Broadway, avait par le passé séduit Aretha Franklin et Sam Cooke. La chanson prend naturellement toute sa dimension grâce aux improvisations finales du chanteur, d’une éblouissante beauté. Jim Stewart, propriétaire des lieux, considère que « Try » est la plus belle chanson gravée chez Stax. C’est vraisemblablement une erreur, car il s’agit en fait de la plus belle chanson jamais gravée.

Au programme de cet album, un « Fa Fa Fa Fa Fa (Sad Song) » en hommage à la manière qu’avait le chanteur de fredonner les riffs de sa section de cuivres, nouvelle authentique réussite. L’année s’achève dans une anecdote qui permet de mieux cerner l’aura d’Otis Redding : Bob Dylan remet au roi de la soul un acétate de « Just Like A Woman », espérant une version du maître. Redding écoute alors l’enregistrement et sanctionne : « c’est pas mal, mais il faut que tu refasses le texte, il y a trop de mots ! ».

Au mois de janvier 1967, fortement induit par Jim Stewart, le disque King and Queen voit le jour. Il s’agit d’un album concept réunissant Redding et Carla Thomas (surnommée la Reine de la Soul de Memphis), et l’histoire retiendra de l’aventure une très dynamique version du « Knock On Wood » d’Eddie Floyd. Dans cette chanson, les deux artistes passent leur temps à s’injurier, faisant preuve d’une extraordinaire imagination en matière de termes fleuris. Les deux titres connaîtront un parcours triomphal dans les hit-parades.

Le succès de l’album incite Redding à planifier un enregistrement annuel de duos et à se tourner vers Aretha Franklin afin de creuser le projet. Autres perspectives de travail : le chanteur envisage d’enregistrer de nouveau ses propres standards, ralentissant les morceaux rapides et accélérant les ballades ! Dans le même registre, le chanteur se transforme en producteur, offrant à Arthur Conley son succès le plus renversant « Sweet Soul Music ».

Les tournées s’enchaînent, avec plus de trente dates dans les tournées européennes, Otis Redding devient la star absolue du genre, devançant même Elvis Presley dans les référendums.

Au mois de juin, la conquête du marché blanc se poursuit, avec une brillante prestation au festival pop de Monterey, qui débouchera sur la sortie d’un album, partagé avec Jimi Hendrix.

Pendant cette période, Otis Redding compose sur un bateau au large de Sausalito, la chanson de Redding que retiendra l’histoire (Sittin’ One « The dock Of The Bay »).

Le 7 décembre Redding et son nouveau groupe Les Bar-Kays s’envolent pour un concert à Nashville. Puis ils participent le lendemain à une émission de radio à Cleveland. Le 10 décembre, ils décollent pour Madison, dans le Wisconsin. Le beechcraft à double motorisation n’arrivera jamais à destination, disparaissant dans les eaux du lac Monona, à trois kilomètres de sa destination. Deux seuls musiciens survivront : le premier, car l’avion trop petit l’avait contraint à prendre un vol commercial, le deuxième miraculeusement éjecté de l’avion avant qu’il ne s’abîme dans la mer.

Otis Redding fut inhumé à l’âge de 26 ans, en présence d’une foule immense et des plus grands noms de la soul, à Macon, où depuis 2002, est érigée une statue à son image.

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